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Three young women stand smiling and laughing. They are wearing red, yellow, and orange dresses and scarves over their heads.

Trois jeunes femmes camerounaises ont été libérées après presque six ans de prison

Le 23 octobre 2020, trois jeunes femmes qui risquaient une longue peine de prison et avaient été précédemment condamnées à mort par un tribunal militaire, ont été acquittées et libérées par le tribunal de Mokolo. C’était la première fois que des personnes condamnées dans une affaire de terrorisme étaient acquittées lors d’un nouveau procès au Cameroun.

Après huit reports, le tribunal de Mokolo a rendu sa décision dans les affaires de Marie Dawandala, Damaris Doukouya et Martha Weteya. Ces femmes avaient été arrêtées à l’âge de dix-sept ans et étaient en détention depuis près de six ans. Le fils de Marie et la fille de Damaris ont été détenus avec elles, et Marie et Damaris les ont élevés dans des conditions mettant leur vie en danger. Les trois femmes avaient été condamnées à mort par un tribunal militaire après avoir été arrêtées alors qu’elles fuyaient les violences de Boko Haram. En appel, la condamnation à mort des femmes a été annulée car les tribunaux militaires ne peuvent pas connaître des affaires impliquant des personnes mineures au Cameroun. Le procureur a néanmoins décidé d’organiser un nouveau procès et a inculpé les femmes devant un tribunal civil pour espionnage, conspiration en vue de commettre une insurrection et appartenance à un gang armé.

L’avocat camerounais Nestor Toko, président du Réseau des avocats camerounais contre la peine de mort, a représenté les trois femmes après les avoir rencontrées en 2019 lors d’un voyage à Maroua. Convaincu qu’elles avaient été accusées à tort et consterné par le récit qu’elles ont fait de leur arrestation et de leur procès, il a accepté de les représenter bénévolement. Maître Toko a demandé au Cornell Center on the Death Penalty Worldwide d’aider à leur défense, et le Centre a recruté le cabinet d’avocat·e·s américain Debevoise & Plimpton pour fournir un soutien et des ressources juridiques essentiels. Plus tard, Maître Toko a obtenu l’aide de deux autres avocats camerounais qui ont rejoint l’affaire, Honorine Bahane Dourwe et Moussa Ganava.

En juillet 2020, après que la décision du juge concernant l’affaire ait été reportée six fois, le Cornell Center on the Death Penalty Worldwide et ECPM (Ensemble Contre la Peine de Mort) ont organisé une campagne médiatique pour faire connaître cette affaire et ont diffusé un communiqué de presse, cosigné par 33 autres organisations de défense des droits humains, exhortant les autorités camerounaises à veiller à ce que les femmes reçoivent un jugement équitable et rapide. Le juge en charge du procès a été remplacé, et deux mois plus tard, le nouveau juge a acquitté les trois femmes.

Les acquittements de Marie, Damaris et Martha constituent un moment de transformation pour les personnes condamnées arbitrairement pour terrorisme au Cameroun et pour la lutte contre la peine de mort. C’est la première fois qu’une personne condamnée pour terrorisme au Cameroun est acquittée lors d’un nouveau procès. Nous espérons que cette affaire ouvrira la voie à l’acquittement d’autres personnes condamnées à tort au Cameroun et suscitera un dialogue sur le droit à un procès équitable et le maintien de la peine de mort.